L’Echec de la Mondialisation
Henri de Grossouvre versus Bernard de la Villardière
Modérateur: Alain Jourdan
Il y a trois domaines dans lesquels la mondialisation a révélé ses limites : la réponse au changement climatique, les défaillances du système financier et les inégalités croissantes aussi bien entre les pays qu’à l’intérieur des pays eux-mêmes.
Il est trop facile de rendre la mondialisation responsable de tous les problèmes du monde qu’il s’agisse de la cure d’amaigrissement des usines en France dans les années 80 et à l’étranger des interventions des troupes UN au Congo, de l’USAID en Afghanistan ou de la brutalité naissante de l’IMF. Non seulement la mondialisation n’a pas failli mais pour beaucoup, elle n’y est pour rien. La solidarité des hommes s’exerce rarement au-delà de leur propre horizon.
Il a été remarqué que le monde qui a été bipolaire entre 1945 et 1990 et monopolaire depuis, entre peut-être maintenant dans une nouvelle phase. L’ouverture sur le monde apparaît comme la dimension-clé contre l’enracinement. Dans ce sens, l’UE ne s’inscrit ni dans l’un ni dans l’autre de ces schémas.
La question a été posée de savoir si le système de la sécurité globale peut-être réparé et si les échanges croissants entre les pays peuvent contribuer à l’atténuation des conflits. Peut-être devrait-on envisager qu’ils soient résolus au niveau régional plutôt qu’au niveau global. La notion de gendarme du monde est obsolète : à partir de maintenant, seules des opérations ponctuelles peuvent s’envisager. Quant à la France, on observe qu’elle cherche trop à être aimée alors qu’elle a besoin aussi d’être respectée. En termes militaires, le pays ne doit pas seulement compter sur sa force de dissuasion nucléaire.
Le débat a porté aussi sur les conséquences de la mondialisation sur le changement climatique et sur l’ambition d’aller vers une économie circulaire.
Pour ce qui est de l’Allemagne, l’intérêt s’est porté sur la mue des Verts qui sont passés d’un mouvement protestataire à une participation au gouvernement de coalition en partie dirigé par de jeunes citoyens les plus directement concernés par le changement climatique. Quant aux inquiétudes actuelles concernant la dépendance au gaz russe, un des objectifs sur 10 ans pourrait être de le remplacer par le biogaz dont la production doit être accélérée.
Dans l’économie globale, le statut du dollar US comme monnaie de réserve mondiale est désormais menacé par exemple par l’alternative chinoise et russe au paiement SWIFT. Est-ce que le cryptomonnaie pourrait mettre fin à la domination des banques nationales centrales et établir une globalisation réellement multipolaire ?
L’Europe est-elle naïve face à la puissance émergente de la Chine ? Comment la rendre plus forte dans les domaines militaire et digital ? Les participants au débat ont fait part de leur sentiment sur la naïveté des USA qui favorisent trop la Chine notamment en y délocalisant la production. Il faut dorénavant développer la relation dans des domaines d’intérêt partagé. Dans l’assistance, un économiste a relevé que le développement chinois avait permis à un sixième de l’humanité de sortir de la pauvreté.
Pour conclure le débat on s’est accordé pour dire que les crises génèrent souvent des solutions positives. Aussi vaut-il mieux être optimiste en conservant nos valeurs et inspirer le respect tout en comprenant la façon de vivre des autres et en prenant en compte leurs points de vue.
Adrian KEOGH
The KitSon
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